Assurance vie : les produits structurés, le nouvel eldorado pour booster son rendement ?

Les produits structurés, ou fonds à formule, connaissent un essor spectaculaire dans les contrats d’assurance vie. En promettant des rendements pouvant atteindre 6 à 7 % par an, ces supports attirent de plus en plus d’épargnants en quête de performance.
Mais derrière cette promesse séduisante se cache une mécanique complexe, souvent méconnue. Quels sont leurs avantages, leurs risques et les critères essentiels à vérifier avant de se lancer ?
Les produits structurés, une dynamique en pleine expansion
Selon un rapport récent de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), la commercialisation des produits structurés auprès des particuliers explose en France. La collecte brute est passée de 23 milliards d’euros en 2021 à près de 42 milliards en 2023, dont 80 % via l’assurance vie. Ces supports séduisent par leur potentiel de rendement supérieur à celui des placements sans risque, à l’heure où le taux du Livret A plafonne à 1,70 % et pourrait encore baisser.
Les produits structurés reposent sur la performance future d’un indice boursier (comme le CAC 40 ou l’EuroStoxx 50) tout en offrant, dans certains cas, une protection partielle ou totale du capital à l’échéance. Ils peuvent être souscrits via un compte-titres, un PEA, ou intégrés à des contrats d’assurance vie et de Plan Épargne Retraite (PER) sous forme d’unités de compte.
Un rendement attractif mais réservé à certains profils
Ces produits combinent généralement une composante obligataire, destinée à protéger tout ou partie du capital, et une composante risquée liée aux marchés financiers. Cette structure leur permet d’offrir un rendement fixe potentiel, souvent autour de 6 %, tout en limitant l’exposition directe aux fluctuations boursières.
Selon Valentine Demaison, directrice générale de Mon Petit Placement, « les produits structurés s’adressent aux épargnants au profil modéré, cherchant une exposition mesurée au risque ».
Toutefois, leur durée d’investissement est souvent longue de huit à dix ans ce qui les rend inadaptés à ceux qui souhaitent garder une épargne disponible.
Il existe plusieurs familles de fonds à formule :
- Les fonds à capital garanti, qui restituent le capital à l’échéance ;
- Les fonds à capital protégé, qui n’en sécurisent qu’une partie ;
- Les fonds à promesse, offrant un rendement minimal même en cas de baisse ;
- Les fonds autocall, qui peuvent être rappelés automatiquement avant leur échéance en cas de performance favorable.
Des risques réels malgré la promesse de sécurité
Derrière l’apparente stabilité de ces produits se cachent plusieurs risques à ne pas négliger. Le risque de défaut de l’émetteur est le plus évident : les produits structurés sont souvent émis par des banques, dont la faillite, bien que rare, peut compromettre le capital investi.
En France, le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR) couvre jusqu’à 100 000 euros par établissement. De leur côté, les contrats d’assurance vie bénéficient d’une garantie distincte de 70 000 euros par déposant et par assureur.
L’autre difficulté tient à la complexité du produit. L’Autorité des marchés financiers (AMF) rappelle que les rendements présentés dans les brochures ne reflètent qu’un scénario favorable. En cas d’évolution défavorable des marchés, la perte peut être significative.
Enfin, la liquidité est limitée : un rachat avant l’échéance entraîne souvent une décote importante et des frais de sortie pouvant atteindre 4 %. L’investisseur doit donc accepter de bloquer ses fonds sur le long terme.
Les bons réflexes pour bien choisir son produit structuré
Pour les épargnants souhaitant diversifier leur assurance vie avec ce type de support, la vigilance est de mise. Premier réflexe : vérifier la durée maximale du placement, qui peut immobiliser les fonds plusieurs années, et s’assurer de la présence d’un mécanisme de rappel anticipé permettant une sortie avant terme.
Deuxième point crucial : analyser les conditions de protection du capital. Certains produits affichent une “protection” qui ne s’applique que si l’indice ne chute pas au-delà d’un certain seuil. Mieux vaut donc comprendre les différents scénarios avant de signer.
Enfin, il est essentiel de maîtriser la formule de calcul de la performance : savoir dans quelles conditions chaque scénario s’active et quelle rémunération est attendue. Comme le rappelle l’AMF, une performance élevée est toujours liée à un niveau de risque proportionnel.
En somme, les produits structurés peuvent offrir une alternative intéressante à l’épargne classique, à condition d’en comprendre la logique et d’accepter leur horizon long terme.



