Note française dégradée : pourquoi la confiance des marchés s’effrite et ce que cela révèle de notre économie

Depuis plus d’une décennie, la France glisse lentement dans le classement des bons élèves de la finance mondiale. En septembre dernier, l’agence Fitch a abaissé la note de la dette souveraine française à A+, bientôt suivie par Standard & Poor’s. Un signal fort envoyé aux marchés, qui traduit un recul de la crédibilité budgétaire de l’État.
Ces dégradations ne sont pas anodines elles influencent le coût des emprunts, la confiance des investisseurs et, à terme, la marge de manœuvre du gouvernement. Comment la France en est-elle arrivée là ? Et surtout, quelles sont les conséquences concrètes de cette dégradation ?

De la gloire du triple A à la perte de crédibilité financière
Pendant des années, la France faisait partie du club très restreint des nations notées AAA, la meilleure évaluation possible pour un État. Ce précieux label garantissait des taux d’emprunt faibles et une confiance absolue sur les marchés.
Mais en janvier 2012, en pleine crise de la zone euro, Standard & Poor’s lui retire son triple A. Une première depuis 1975. Le pays entre alors dans une phase de dégradation progressive : d’abord AA+, puis AA, et désormais A+.
Cette évolution reflète une réalité inquiétante : la dette publique française, autrefois maîtrisée, a explosé. En 2025, elle représente plus de 110 % du PIB, un niveau inédit dans l’histoire moderne du pays. Ce glissement illustre un affaiblissement structurel de la position financière française face à des pays plus rigoureux comme l’Allemagne ou les Pays-Bas.
Les « Big Three » : les arbitres impitoyables de la solvabilité des États
Le sort budgétaire des nations est entre les mains de trois géants : Fitch, Moody’s et Standard & Poor’s, surnommés les “Big Three”. Ces agences analysent chaque trimestre la santé économique des États à travers plusieurs critères :
- le niveau de dette publique et le déficit budgétaire,
- la croissance économique et les recettes fiscales,
- la stabilité politique et institutionnelle,
- la capacité de réforme à long terme.
Leur système repose sur une échelle de notation allant de AAA (excellence absolue) à D (défaut de paiement). Ces lettres peuvent être assorties d’une perspective stable, positive ou négative.
| Pays | Note actuelle (2025) | Perspective | Dette publique (% du PIB) | Situation politique |
|---|---|---|---|---|
| Allemagne | AAA | Stable | 63 % | Stable |
| France | A+ | Stable | 110 % | Instable |
| Espagne | A+ | Stable | 108 % | Modérément stable |
| Portugal | A | Positive | 99 % | Stable |
Selon Fitch, cette dégradation reflète “la faiblesse de la trajectoire budgétaire et les risques politiques accrus depuis les dernières élections législatives”. Autrement dit, l’instabilité politique pèse désormais autant que les chiffres économiques.
Note en baisse, taux en hausse : l’effet domino sur la dette française
Lorsqu’un État perd en crédibilité, il devient plus coûteux pour lui d’emprunter. Les investisseurs exigent une prime de risque plus élevée, c’est-à-dire un taux d’intérêt supérieur pour compenser le danger potentiel de défaut.
En 2025, le taux d’emprunt à dix ans de la France dépasse désormais 3 %, un record depuis plus de dix ans.
Cette remontée des taux pèse lourdement sur le budget de l’État. Selon la Banque de France, la charge annuelle de la dette atteint désormais plus de 55 milliards d’euros, soit davantage que le budget de la Défense nationale.
Autre conséquence, une partie des dépenses publiques sert désormais uniquement à payer les intérêts de la dette, sans améliorer les services publics ni financer de nouveaux projets. Pourtant, les marchés ne s’affolent pas. Les investisseurs avaient déjà intégré la fragilité politique française.
Un pays sous tension entre rigueur et relance économique
Cette nouvelle étape dans la dégradation de la note française place le gouvernement devant un casse-tête budgétaire réduire la dette sans casser la croissance.
D’un côté, Bruxelles pousse pour un retour à la discipline budgétaire et au respect du seuil de 3 % de déficit. De l’autre, la population subit déjà l’inflation, la hausse du coût de la vie et la baisse du pouvoir d’achat.
💥 Scandale du plan de relance européen !
🇫🇷 La France a reçu 34 milliards, mais devra en rembourser 119 à partir de 2028.
Pourquoi ? Parce que #Bruxelles et #Macron ont mal géré, empruntant au pire moment, quand les taux ont explosé.💶 Résultat : 4 milliards d’euros par an… pic.twitter.com/d3dQS90kZq
— Angéline Furet (@furet_angeline) October 25, 2025
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé un plan d’économies de 20 milliards d’euros sur deux ans. Mais les marges de manœuvre sont étroites la croissance stagne, et chaque coupe budgétaire risque de freiner davantage l’activité.
Les agences de notation, elles, resteront attentives à trois signaux :
- La trajectoire de réduction de la dette,
- La stabilité politique après les prochaines élections,
- La capacité du pays à relancer durablement la croissance sans creuser ses déficits.
Pour l’instant, la France reste notée A+ avec perspective stable. Mais la moindre dérive budgétaire pourrait rouvrir la porte à une nouvelle dégradation en 2026, fragilisant un peu plus la position du pays sur les marchés internationaux.



