Taxe Zucman rejetée : l’Assemblée nationale met fin à la “taxe sur les ultra-riches”, la gauche dénonce un refus de justice fiscale

Le vendredi 31 octobre 2025, l’Assemblée nationale a tranché : la fameuse taxe Zucman sur les très hauts patrimoines ne verra pas le jour. Ni dans sa version initiale, ni dans sa version « allégée ».

Ce rejet marque un nouveau revers pour la gauche, qui défendait cette mesure comme un symbole de justice fiscale. En face, le Premier ministre Sébastien Lecornu a opposé un refus net, affirmant qu’il « n’existe pas d’impôt miracle ».

Une taxe symbole, rejetée à la majorité

Inspirée des travaux de l’économiste Gabriel Zucman, la taxe proposée visait à instaurer une contribution annuelle sur les patrimoines supérieurs à 10 millions d’euros, afin de financer une partie du déficit budgétaire et de la protection sociale.

L’amendement porté par la NUPES, soutenu par le Parti socialiste, a été rejeté par 228 voix contre 171. Même sort pour sa version « allégée », proposée par les socialistes pour tenter de rallier une majorité.

Ce vote intervient dans un climat politique tendu autour du budget 2026, marqué par des débats houleux sur les recettes publiques et le financement des retraites.

La majorité présidentielle a justifié son refus en soulignant que cette taxe serait « inefficace, injuste et probablement censurée par le Conseil constitutionnel».

Texte soumis au vote Résultat Voix pour Voix contre
Taxe Zucman (version complète) Rejeté 171 228
Taxe Zucman (version allégée) Rejeté 171 228

À noter : les chiffres définitifs du second vote n’ont pas encore été publiés sur le site de l’Assemblée nationale, mais la tendance est confirmée.

Une gauche vent debout face au gouvernement

La réaction des partis de gauche ne s’est pas fait attendre. Mathilde Panot (LFI) a dénoncé un « refus obstiné de justice sociale » et affirmé que « le seul horizon désormais, c’est la censure et le départ du président de la République ». De son côté, Boris Vallaud (PS) a regretté « l’absence totale de compromis » et appelé à rétablir l’ISF, supprimé en 2018.

Selon les défenseurs de la taxe, cette mesure aurait permis de réduire les inégalités patrimoniales en France, où les 1 % les plus riches détiennent près d’un quart du patrimoine national. Ils affirment qu’elle aurait rapporté entre 10 et 15 milliards d’euros par an.

Mais la majorité reste ferme : Sébastien Lecornu estime qu’un tel impôt serait à la fois inefficace économiquement et fragile juridiquement. « Vous ne pouvez pas faire croire qu’il existe un impôt miracle », a-t-il lancé aux députés de gauche, avant de plaider pour une méthode « plus réaliste et constructive ».

Lecornu plaide pour « changer de méthode »

Face à la colère de l’opposition, le Premier ministre a tenté d’apaiser les tensions en appelant à « changer de méthode ». Il a demandé à ses ministres de réunir les représentants des différents groupes politiques, hors caméras, pour élaborer un compromis sur les prochaines étapes du budget 2026 et du financement de la Sécurité sociale.

Sébastien Lecornu a aussi pris soin d’annoncer quelques ouvertures : il s’est dit favorable à renoncer au gel des pensions de retraite et des minima sociaux, une mesure qui avait suscité une vive polémique. « Le gel des retraites n’est pas acceptable pour nos concitoyens », a-t-il affirmé. Ce revirement pourrait adoucir les critiques de certains députés modérés, même si la gauche y voit une « manœuvre de diversion ».

Entre désillusion et repositionnement politique

Le rejet de la taxe Zucman révèle les fractures profondes entre la majorité et l’opposition sur la question de la redistribution. Tandis que la gauche prône un retour d’une fiscalité plus progressive, le gouvernement préfère miser sur la stabilité fiscale et la relance économique.
Pour Jordan Bardella (RN), cette taxe aurait « transformé la France en Venezuela sans pétrole ».

À droite, certains élus saluent un « choix de raison », tandis que la gauche y voit le symbole d’un renoncement politique.

En attendant, le débat sur la justice fiscale reste loin d’être clos. Avec le rejet de cette taxe, la NUPES perd une bataille, mais espère en faire un thème central des prochains scrutins.

Comme le résume un député socialiste : « Ce vote, c’est plus qu’un non à la taxe Zucman, c’est un non à toute forme de redistribution ambitieuse. »

Ce qu’il faut retenir

Cette journée parlementaire illustre le bras de fer fiscal et social qui s’annonce dans les mois à venir. Entre un gouvernement cherchant à maîtriser les dépenses publiques et une opposition décidée à remettre la justice fiscale au cœur du débat, la bataille du budget 2026 ne fait que commencer.

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