Le vendredi 31 octobre 2025, l’Assemblée nationale a tranché : la fameuse taxe Zucman sur les très hauts patrimoines ne verra pas le jour. Ni dans sa version initiale, ni dans sa version « allégée ».
Ce rejet marque un nouveau revers pour la gauche, qui défendait cette mesure comme un symbole de justice fiscale. En face, le Premier ministre Sébastien Lecornu a opposé un refus net, affirmant qu’il « n’existe pas d’impôt miracle ».
Une taxe symbole, rejetée à la majorité
Inspirée des travaux de l’économiste Gabriel Zucman, la taxe proposée visait à instaurer une contribution annuelle sur les patrimoines supérieurs à 10 millions d’euros, afin de financer une partie du déficit budgétaire et de la protection sociale.
Taxe Zucman rejetée : « Ce n’est pas du tout une défaite pour les socialistes, je pense qu’ils savaient qu’elle n’allait pas passer et c’est bien pour cette raison qu’ils ont proposé une version allégée » estime @EyraudVictor
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🚨TAXE ZUCMAN REJETEE🚨
🇫🇷Laurent Wauquiez, président du groupe LR, salue le travail des députés : « Ils ont fait le travail » contre cette mesure.
🗳️Dans un jour de votes intenses, la droite renforce sa position anti-fiscalité. https://t.co/qyQIAoHgXW
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L’amendement porté par la NUPES, soutenu par le Parti socialiste, a été rejeté par 228 voix contre 171. Même sort pour sa version « allégée », proposée par les socialistes pour tenter de rallier une majorité.
🇫🇷 Taxe Zucman : rejetée !
La gauche pleur.. 🤣 🤣 🤣 pic.twitter.com/mL3tgVTxTi— mindedman 🇫🇷 ✝️Amo Franciam #CeuxQuiPaient (@mindedman1985) October 31, 2025
Ce vote intervient dans un climat politique tendu autour du budget 2026, marqué par des débats houleux sur les recettes publiques et le financement des retraites.
La majorité présidentielle a justifié son refus en soulignant que cette taxe serait « inefficace, injuste et probablement censurée par le Conseil constitutionnel».
| Texte soumis au vote | Résultat | Voix pour | Voix contre |
|---|---|---|---|
| Taxe Zucman (version complète) | Rejeté | 171 | 228 |
| Taxe Zucman (version allégée) | Rejeté | 171 | 228 |
À noter : les chiffres définitifs du second vote n’ont pas encore été publiés sur le site de l’Assemblée nationale, mais la tendance est confirmée.
Une gauche vent debout face au gouvernement
La réaction des partis de gauche ne s’est pas fait attendre. Mathilde Panot (LFI) a dénoncé un « refus obstiné de justice sociale » et affirmé que « le seul horizon désormais, c’est la censure et le départ du président de la République ». De son côté, Boris Vallaud (PS) a regretté « l’absence totale de compromis » et appelé à rétablir l’ISF, supprimé en 2018.
Taxe Zucman rejetée : « Je suis très en colère contre les macronistes qui refusent la justice fiscale »
Arthur Delaporte, député PS du Calvados, au micro de Vincent Parizot dans #RTLSoir pic.twitter.com/adITCWeDrx
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Selon les défenseurs de la taxe, cette mesure aurait permis de réduire les inégalités patrimoniales en France, où les 1 % les plus riches détiennent près d’un quart du patrimoine national. Ils affirment qu’elle aurait rapporté entre 10 et 15 milliards d’euros par an.
Mais la majorité reste ferme : Sébastien Lecornu estime qu’un tel impôt serait à la fois inefficace économiquement et fragile juridiquement. « Vous ne pouvez pas faire croire qu’il existe un impôt miracle », a-t-il lancé aux députés de gauche, avant de plaider pour une méthode « plus réaliste et constructive ».
Lecornu plaide pour « changer de méthode »
Face à la colère de l’opposition, le Premier ministre a tenté d’apaiser les tensions en appelant à « changer de méthode ». Il a demandé à ses ministres de réunir les représentants des différents groupes politiques, hors caméras, pour élaborer un compromis sur les prochaines étapes du budget 2026 et du financement de la Sécurité sociale.
« On ne peut pas se mentir dans cet hémicycle en disant qu’un impôt miracle ramène 15 milliards d’euros, alors que l’assiette finale est de 4 ou 5 milliards d’euros « , déclare le Premier ministre Sébastien Lecornu,après le rejet de la taxe Zucman.#canal16 pic.twitter.com/XUgOMB4Usk
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Sébastien Lecornu a aussi pris soin d’annoncer quelques ouvertures : il s’est dit favorable à renoncer au gel des pensions de retraite et des minima sociaux, une mesure qui avait suscité une vive polémique. « Le gel des retraites n’est pas acceptable pour nos concitoyens », a-t-il affirmé. Ce revirement pourrait adoucir les critiques de certains députés modérés, même si la gauche y voit une « manœuvre de diversion ».
Entre désillusion et repositionnement politique
Le rejet de la taxe Zucman révèle les fractures profondes entre la majorité et l’opposition sur la question de la redistribution. Tandis que la gauche prône un retour d’une fiscalité plus progressive, le gouvernement préfère miser sur la stabilité fiscale et la relance économique.
Pour Jordan Bardella (RN), cette taxe aurait « transformé la France en Venezuela sans pétrole ».
À droite, certains élus saluent un « choix de raison », tandis que la gauche y voit le symbole d’un renoncement politique.
En attendant, le débat sur la justice fiscale reste loin d’être clos. Avec le rejet de cette taxe, la NUPES perd une bataille, mais espère en faire un thème central des prochains scrutins.
Comme le résume un député socialiste : « Ce vote, c’est plus qu’un non à la taxe Zucman, c’est un non à toute forme de redistribution ambitieuse. »
Ce qu’il faut retenir
- Taxe Zucman rejetée à l’Assemblée nationale le 31 octobre 2025.
- 228 voix contre 171 : la majorité présidentielle unie contre la gauche.
- Sébastien Lecornu renonce au gel des retraites et appelle au dialogue.
- La gauche promet de revenir à la charge avec une proposition de rétablissement de l’ISF.
Taxe Zucman rejetée: « 86% des Français sont favorables » à cette taxe, rappelle Clémentine Autain, députée (Écologiste et Social) pic.twitter.com/5mpjMEvtgP
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Cette journée parlementaire illustre le bras de fer fiscal et social qui s’annonce dans les mois à venir. Entre un gouvernement cherchant à maîtriser les dépenses publiques et une opposition décidée à remettre la justice fiscale au cœur du débat, la bataille du budget 2026 ne fait que commencer.
